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Comment mieux gérer ses peurs ?

Cette semaine on va aborder les peurs !

Plutôt que d’expliquer d’une façon très mentale les concepts qui gravitent autour des peurs, je vous propose un exercice plus créatif, en partant d’un exemple concret.

Comme notre cerveau par défaut continue de gérer les peurs selon le mode survie (attaque, défense ou immobilité),  j’aborderai l’article sous l’angle de l’adaptation de ce fonctionnement à un environnement plus sécurisé, bien qu’évidemment, même en France on peut être confronté à des situations de pure survie. 

Je n’aborderai pas beaucoup la physiologie de la peur, déjà bien documentée par la théorie polyvagale (cliquez ici), pour me concentrer sur les façons de l’aborder et de s’en faire une alliée.

Tout le monde a peur…même le Dalaï-Lama.

Qu’on en parle ou non, tout le monde expérimente des peurs, même Mike Horn, même le Dalaï-Lama. Certaines personnes le nient, se mentent à eux même, d’autres détournent leur attention tout de suite, d’autres le cachent, d’autres se mettent en colère tout de suite d’avoir eu peur (une émotion forte peut en cacher une autre moins forte), etc. Mais on peut aussi les assumer et les regarder au fond des yeux.    

Prenons un exemple qui m’a surpris. Le Dalaï Lama a peur de prendre l’avion. Deux informations essentielles : même le Dalaï Lama peut avoir peur, ce qui peut faire relativiser, et il se confronte régulièrement à sa peur. Il est prouvé par plusieurs études que l’exposition régulière à ses peurs est bien meilleure que l’évitement systématique, c’est une sorte de désensibilisation, comme pour les allergies.

Et au pire il se passe quoi ?

Mais bon, quand on y réfléchi, la peur de l’avion, c’est vague, c’est la partie émergée de l’Iceberg. De quoi a-t-il peur précisément ? En fait, il explique qu’il ne sait pas nager, du coup il imagine que s’il tombe dans la mer, il sera mangé par un requin. Statistiquement ça ne tient pas comme raisonnement, mais c’est prouvé qu’au niveau du cerveau, l’information circule beaucoup plus facilement dans le sens des émotions vers les pensées, que des pensées vers les émotions, ce qui explique pourquoi il ne faut pas chercher à raisonner une personne en lui disant : mais c’est pas logique, ça n’arrive pas, tu sais bien, etc. 

Mais on se rend bien compte que l’histoire, le raisonnement qu’on se raconte joue un rôle essentiel dans la modération ou l’aggravation. Ici, s’il ne sait pas nager, les requins seront le cadet de ses soucis après l’amerrissage d’un avion, la possibilité de noyade, etc. Mais ce que je suppose déceler derrière tout ça (et peut être complètement à tort), c’est qu’il s’est posé le début de la question qui donne un sens beaucoup plus profond à tout ça : au pire il se passe quoi ? Là on va passer sur de la fiction à titre d’exercice. Il se fait manger par un requin ? Si on en reste là, on peut se dire  que c’est bête d’avoir peur d’une chose qui a peu de chance de se produire et commencer à se rejeter soi-même, avoir le critique intérieur qui se réveille et vous dis « tu n’es qu’un idiot » et aller s’ouvrir une bière pour oublier tout ça. Et le problème c’est que l’inconscient a une tendance à être routinier, alors, on ne le répétera jamais assez : mieux vaut couper le mal à la racine rapidement.

Ok mais revenons à nos Lamas : le raisonnement n’est pas fini. Il pourrait se dire « Je vais laisser des millions de pratiquants orphelins, perdus ». Ou : « je n’ai pas fini mon œuvre, mené à termes mes combats. Ou « c’est la fin de ma vie, je me réincarne, c’est le début d’autre chose, et j’ai la foi qu’un autre Dalaï Lama prendra ma place et fera très bien le travail ». On sent bien qu’en fonction de l’histoire qu’il peut décider de se raconter, cela change beaucoup de choses. Notamment parce que certaines versions envisagent des échappatoires, ce qui est un facteur inhibant de la peur.

Comme dirait le grand philosophe Jean Jacques G. (qui est Montrougien à l’origine !), il est intéressant d’aller au bout de ses rêves, mais également de ses peurs pour savoir ce qui se cache. Derrière la peur d’une araignée, il se cache surement une autre plus profonde et intéressante.

Les fonctions des peurs : ne tirez pas sur le messager

Derrière les peurs tout au bout, souvent il y a la mort, et certaines craintes reviennent : quel bilan de vie je laisserai juste avant de mourir, comment vont réagir mes proches,  la peur de l’agonie, qu’est-ce qu’il y a après par exemple ?  

Les deux premières sont des questions puissantes, potentiellement vertigineuses. Mais qui méritent d’être posées. Et on arrive à la raison d’être des émotions, qui viennent du latin ex-movere, mettre en mouvement. Quelle réaction je mets en place, par rapport au message profond des peurs ? Si c’est  » protège-toi  » , comment je me protège, si « c’est prépare-toi », comment je me prépare, si c’est « occupe-toi de ça »…etc. Car si on n’y répond pas, il y a fort à parier que le signal de la peur va grossir, jusqu’à être entendu, et vous faire somatiser, etc. 

Se couper de ces peurs c’est se couper des informations que communiquent la peur, c’est rejeter une partie de soi, c’est aussi souvent rejeter les peurs des autres en les minimisant, évitant, etc, ce qui crée à nouveau du rejet par imitation.

Le secret des tibétains : la caverne aux mille démons.

Une fois par siècle, il existe une épreuve proposée aux moines bouddhistes, pour se libérer de leurs émotions et atteindre l’Eveil : traverser une caverne qui renferme 1 000 démons. La maison de l’horreur à la fête foraine ou le déjeuner dominical chez Belle maman à côté c’est Disney Land. Pour les fans de Dune, c’est l’épreuve de la main dans la boîte noire.

Ils se réunissent tous dans une salle, en habits de cérémonie blanc, et les lamas et le Dalaï Lama leur suggère qu’une fois dans la pièce, les démons vont prendre la forme de leur pires peurs. Pour ceux qui ont le vertige, ils se retrouveront suspendus sur une corniche au sommet d’une montage, pour les arachnophobes, devant des araignées géantes, pour ceux qui sont accros aux smartphones, 1 journée sans portable, etc. La pièce est petite, et ils ne peuvent ni faire demi-tour, ni demander de l’aide.

Deux indications sont donnés à ceux qui se lancent : les seront puisées dans leurs souvenirs et ne sont pas réelles et la plus importante : quoiqu’il arrive, il faut continuer de poser un pied devant l’autre.

Pour résumer cet article : avoir peur, c’est normal, et si on remonte à la peur profonde qui se cache derrière une peur de surface, on peut y trouver une fonction ou des questions importantes qui sont là pour nous faire réagir, nous mettre en mouvement.