Comment mieux gérer nos colères ?
Je vous propose dans cet article de défricher le terrain, pour aller au cœur d’une émotion complexe, qui revêt des formes variées. Sujet complexe que je vais essayer de simplifier au maximum sans tomber dans le simplisme.
La définition qu’on trouve dans le Trésor de la langue française : Vive émotion de l’âme se traduisant par une violente réaction physique et psychique. Il y a aussi l’idée que c’est un des 7 pêchés capitaux, qui porte donc potentiellement des interdits, de la honte ou culpabilité derrière. Je trouve ces définitions trop « blanc ou noir » et limitantes. Reprenons les bases.
Les émotions sont des processus qui mettent en mouvement, avec une ou des fonctions. Chez les bébés, la colère sert à communiquer, manifester un besoin, comme manger, avoir plus ou moins chaud, se sentir bien ou pas, ou manifester que quelque chose ne convient pas, pour attirer l’attention, c’est un moyen de survie.
Par la suite quand on grandit c’est également un moyen de communication que quelque chose qui est perçu comme essentiel, un besoin, une croyance une valeur à protéger est en danger.
Les différentes expressions de colères
On a chacun une façon propre de formuler nos colères, mais essayons d’en décrire quelques types :
Les colères explosives – destructrices : la Tony Montana dans Scarface. Ce sont celles qui sont les plus intenses, non maîtrisées. Ce sont celles dont on se souvient le plus facilement (car la mémoire est très influencée par les émotions vives) et celles qu’on voit au cinéma. Imprévisibles dans leurs effets, parfois destructrices. Types « promos sur les assiettes », noms d’oiseaux vociférés, coups de poings dans le mur, quand ce n’est pas des choses plus dramatiques…Pour peu que vous leur disiez mais calme toi, c’est la cata ! Quant à leurs messages, on comprend bien que quelque chose ne va pas…mais quoi ?
Les colères intériorisées, ruminées, sur-contrôlées ou déniées, type passif-agressif (De Niro dans Mon Beau père et moi). Certaines personnes fuient le conflit, où ont des interdits par rapport à la colère, ils peuvent bouder, faire des sous-entendus, de l’obstruction, mais quand on leur demande clairement ce qu’ils veulent communiquer, ils se rétractent, ils nient, ils disent qu’ils plaisantent. Là aussi, souvent le message n’est pas clair pour eux, comment pourrait-il l’être pour l’interlocuteur ?
Entre les deux mon cœur balance : les colères maitrisées, colères justes : l’intensité est équilibrée entre les deux décrites au-dessus. La personne est capable et souvent en mesure d’exprimer ce qu’il a sur le cœur. La colère sert alors à venir appuyer le sens, comme un coup de stabylo !
Le problème est que la colère est souvent contre-productive car elle entoure le message d’un épais brouillard. Une fois de plus, il n’y a pas de notion de jugement, bon ou mauvais. Il y a juste des stratégies adaptées ou pas au message qu’on veut faire passer. Parfois bouder ce sera une bonne stratégie, parfois montrer les crocs pour être respecter également ou hausser le ton (pour ne pas dire crier). Le problème arrive quand un seul type d’expression devient un automatisme, subit.
Que faire de ses colères ?
Une fois que l’intensité de la colère est retombée, en utilisant par exemple une des techniques simples de gestion émotionnelles, vous pouvez aller voir ce qui se cache sous la trappe.
On l’a vu plus haut, derrière une colère, il y a souvent un besoin important qui n’est pas assouvi. Par certaines techniques introspectives, notamment certains états modifiés de conscience, on peut y accéder plus facilement que dans son état normal. Le fait de remonter aux besoins et de pouvoir formuler le vrai message derrière la colère, peut être très libérateur. On peut en hypnose, amener les clients à façonner des alternatives dans l’expression de la colère (tempérer les explosives, ou libérer les intériorisées). Et s’il existe des interdits de la colère, on peut également aller questionner ces interdits qui peuvent être des croyances limitantes, de la culpabilité, et faire le même travail, pour savoir ce qu’elles ont à dire, quelles sont leur fonction, puis accéder au message de la colère.
La Communication non-violente
Je trouve très important de faire le parallèle entre la colère et la communication non-violente introduite par Marshall ROSENBERG. Ce dernier a développé une technique faite de savoirs-communiquer afin de transformer l’agressivité et les colères en messages adoucis et clairs dans le but de créer des communications négociées et équilibrées.
Le sujet est vaste mais je vais le résumer en deux points communs des colères et de la communication non-violente :
Le besoin. Derrière un « espèce de conducteur du dimanche » ! Il existe un « j’ai besoin de me sentir en sécurité sur la route avec des gens qui respectent les règles de la route. Derrière le « J’ai vraiment l’impression que tu t’en fous de moi » il y a un « j’ai besoin d’amour » Etc.
L’expression du besoin. Certaines formules sont à éviter car contre-productives. On exprime un besoin, une requête, pas un ordre ou une exigence. Pas de je veux ou de j’exige que ce soit fait comme si comme ça, il faut laisser l’autre libre de satisfaire ou non notre besoin comme il peut et non pas lui imposer sinon nous aussi on tombe dans la violence, la répression, la domination. On exclue aussi si possible « Le tu qui tue ». Le but du jeu est de dire je. L’autre n’est qu’un déclencheur de mécanismes qui sont à l’intérieur de nous et sa mission n’est pas de satisfaire nos besoins (même si on adorerait que ce soit le cas !).
La communication non-violente, c’est tout un apprentissage. C’est comme apprendre une seconde langue, mais je vous assure que ça vaut le coup si vous voulez pacifier vos relations. Cela permet :
-se reconnecter à ses besoins,
-décider de faire confiance à l’autre et à votre relation, en tout cas assez pour lui exprimer vos besoins (et quelque part une part de vulnérabilité),
-accepter l’incertitude d’être exaucé (l’incertitude de la Vie en somme),
C’est extrêmement thérapeutique en soi. Et le bon côté c’est qu’on peut tous entrainement gratuitement tous les jours.
Pour finir et avancer sur ce sujet, je vous joins le lien d’un colloque de Marshall Rosenberg sur ses enseignements, à voir par tranches de 30 minutes sur plusieurs jours. En plus je trouve le bonhomme très drôle (d’ailleurs vous vous demandez peut être pourquoi il a des marionnettes sur les mains ?).
A bientôt !